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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 10:28


Depuis quelques temps, je me demandais si j'étais encore capable de faire preuve d'objectivité quant à Dylan. Son nouvel album Together through life m'a rassuré sur ce point. Car si ce disque est encore un bon cru, contenant de splendides morceaux, certains comptent parmi les pires qu'il ait enregistré depuis une quinzaine d'années, soit juste avant la sortie de Time out of mind. Bon, je suis sévère là, ce sont juste des morceaux assez ennuyeux, pas bien écrits, et anecdotiques, qui demeureront noyés dans sa discographie monumentale et qui n'arrivent même pas à écorner la grâce et la classe de son dernier effort studio. Finalement, sur les très moyens Jolene et If you ever go to Houston, Dylan se fait piéger à son propre jeu, lui qui depuis 20 ans n'a d'autre ambition que de se fondre dans la masse, et être un chanteur américain lambda (comme si c'était possible, ou ne serait-ce qu'envisageable). Le ton est donné dès la pochette, avec le nom de Dylan qui paraît avoir été apposé en série. Si on n'avait pas encore compris, Dylan nous en remet une couche : c'est juste un disque de plus, ni plus, ni moins. Du Dylan à la chaîne... C'est vrai que depuis un moment, le Zim enchaîne : Modern times n'est pas si loin, quant à la série des Bootlegs, la dernière parution est encore en rotation lourde dans mon lecteur.

Dans Together through life, Dylan sonne apaisé, la musique coule de source et est plus légère, beaucoup plus légère que sur Time out of mind ou Modern times. Ici, il revisite l'héritage de la culture mexicaine et fait la part belle à l'accordéon. L'instrument donne une couleur unique au disque et dans la discographie du Zim, une chaleur qui fait naître une foule d'images dans la tête. Le beau cliché de la pochette m'a tout de suite fait penser à Kerouac, et la musique aussi, comme dans le magnifique This dream of you dans lequel on se croirait à la fin d'un mariage mexicain, tout le monde est un peu parti, les gosses courent sous les tables ou terminent le fond des verres pendant qu'un groupe joue une vieille rengaine, et pis merde, on se retrouve marié, des étoiles dans les yeux et de l'alcool fort de contrebande dans les veines, pour le meilleur et le pire. C'est là que Dylan est fort : ça pourrait sonner comme un énième groupe de bal, des gars qui jouent bien mais sans génie, mais avec lui, ça prend tout de suite une autre dimension. Alors, oui l'ombre de Kerouac plane, et donne envie de relire ses pages consacrées au Mexique.

Et puis, même si l'album a visiblement été enregistré à la cool, avec des musiciens détendus qui maîtrisent parfaitement leur sujet, Dylan instille sa poésie unique, sa vision qui n'appartient qu'à lui faite de rencontres entre la grande histoire et l'observation fine du quotidien, comme lorsqu'il chante sur le dernier morceau "
Big politician telling lies / Restaurant kitchen, all full of flies". Bref, il est relax mais ne sacrifie pas ses talents de parolier pour autant.  Au début, à la sortie du disque, je me suis dit que les louanges qui tombaient sur Dylan révélaient les mêmes tics insupportables des journalistes de la presse rock : un d'eux lâche un "c'est un Dylan génial" et tout le monde suit. Ils font pareil avec Woody Allen et tant d'autres... Qu'ils ne s'étonnent pas que leurs ventes se cassent la figure. Donc l'affaire était entendue : c'est un Dylan génial... Je parie que pour le prochain, il récoltera une volée de bois vert le Zim. En fait Together through life, quelques mois après, se révèle être l'équivalent tex mex du country Nashville Skyline en son temps, soit un excellent album qui s'installe rapidement mais dure, et qu'on a toujours envie de réécouter. Un disque qui fait moins peur que Time out of mind, par exemple, avec ses fantômes et sa noirceur. Un disque qui se termine par un It's all good, un blues du tonnerre que ne renierait pas RL Burnside et dont le titre, à deux exceptions près, décrit parfaitement cet album.

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