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15 décembre 2006 5 15 /12 /décembre /2006 10:45

"Hello I'm Johnny Cash."

La première fois que j'ai entendu ces mots, je ne me doutais pas que ça changerait ma vie. J'avais vaguement entendu parler de ce type. Ce qu'il en resortait : discographie monumentale, plusieurs périodes alternant hauts et bas, de quoi se perdre donc. Comme avec tous les grands, difficile de se lancer tant la tâche paraît ardue : par où commencer, où chercher, quels disques éviter ? Eh bien, les amis, j'ai eu une veine du tonnerre avec Monsieur Cash, mon personal Jesus. Je suis tombé sur le Live at Folsom, dont les murs doivent encore résonner de son fameux
Hello I'm Johnny Cash et de tous les morceaux qu'il a joués pendant ce concert devenu mythique. Et surtout je suis tombé sur les American recordings, les quatre disques qu'il a enregistrés avec Rick Rubin au beau milieu des années 90, après une longue traversée du désert, soit ce que l'homme en noir a fait de plus bouleversant.

Le premier morceau que j'ai entendu de lui est donc Folsom Prison Blues, lancé à 200 à l'heure devant des détenus fous-furieux. Il faut l'entendre pour le croire ! "I shot a man in Reno, just to watch him die" "j'ai buté un mec à reno, juste pour le voir mourir". Les taulards deviennent dingues, pourtant on est à la fin des années 60, et la country n'est pas vraiment leur tasse de thé, mais ils reconnaissent en Cash un frère, et le concert, enregistré pour Columbia, relance sa carrière. Un second concert à San Quentin sera même immortalisé. Pour décrire le son de Johnny Cash, rien de mieux que les mots de June Carter, sa muse : "régulier comme un train, aiguisé comme un rasoir". Le fameux "chicka boom, chicka boom" métronomique. Un truc à devenir dingue. Depuis, je suis possédé par sa musique. Cocaïne blues me fout vraiment la tête à l'envers. Il faut entendre la voix profonde de Cash chanter cette histoire sordide d'un type cocaïné qui bute sa copine et finit à Folsom par dessus les hurlements des détenus. Frissons garantis.

Tout le disque repose sur cette ambiance qu'aucun autre live classique ne peut posséder, une ambiance électrique, dangereuse, presque malsaine. Les matons qui devaient se chier dessus à se dire "pourvu qu'il arrête rapidement ses conneries sinon ça va déraper" et Cash qui en rajoute : "vous buvez cette eau ?" "Folsom, je te maudis, tu as ruiné ma vie". Et il ramène June Carter, qui ne se démonte pas devant ces gars qui n'ont pas vu de femmes depuis Dieu sait quand, et qui fait son numéro habituel de fille marrante, grande gueule. Et ils se mettent à chanter Jackson "We got married in the fever"  et toujours ce chicka boom diabolique, obsédant. Sur Dark as the dungeon, Cash se marre en plein milieu du morceau, annonce que le concert est enregistré et les détenus se mettent à hurler de plus en plus fort, à chaque fin de phrase.

Le plus fort dans ce concert, c'est que Cash ne misera pas que sur des morceaux rapides, mais aura le cran de baisser la lumière, de s'asseoir et de chanter des ballades magnifiques, qui prennent aux tripes et fendent le coeur des gros durs de Folsom. Send a picture of mother, Give my love to Rose, des chansons de pauvres types, loins de chez eux. Le silence des taulards est impressionnant pendant qu'il les chante. On les imagine ruminer et ravaler des larmes amères en baissant la tête.

Le Live at Folsom m'a donc mis à genoux. Mais le mieux, avec Cash, c'est que c'est à la fin de sa vie qu'il a sorti ses meilleurs disques - la série des American recordings sous la houlette de Rick Rubin - ce qui est assez rare pour être souligné. De 94 à sa mort en 2003, l'homme en noir ne cessera d'enregistrer des disques beaux à pleurer, laissant cinq albums dans la série American, et un coffret - Cash Unearthed (quatre disques inédits). En espérant que Rick Rubin en a encore sous le coude. Sur ces derniers enregistrements, Cash, qui n'a plus rien à prouver, chante simplement, accompagné de sa guitare, sans fioritures, des morceaux bouleversants (des reprises qu'il s'approprie, des morceaux à lui, des traditionnels). Ses disques sont des trésors, il suffit d'écouter sa version de Danny Boy, qu'il chante accompagné d'un orgue, pour s'en convaincre.

Allez comme c'est Noël, cadeau les amis ! En cliquant ,  vous tomberez sur le clip de Hurt un morceau de Nine Inch Nails, magnifié par Johnny Cash et sorti sur son dernier album (de son vivant) American IV The man comes around.

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