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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 20:34

 

Je lis les Cahiers du cinéma depuis peut-être deux ans maintenant, surtout parce qu'ils me donnent à voir des films que je n'ai plus le temps de voir. Les lire, c'est vraiment comme être au cinéma.

 

Et puis, ils n'ont pas oublié ce qu'éditorial veut dire, ni ce que ligne éditorial veut dire. En témoigne les éditos toujours excellents de Stéphane Delorme, dont je vous livre un large extrait du dernier en date :

 

" Il y a des idées qui pèsent comme par exemple celle de la « diversité ». Leurre grâce auquel on se rassure à bon compte, à coup de pourcentages : les « petits » films ont aussi leur part, une « petite » part, comme il se doit. Le cinéma d’auteur est toujours dans la « clause de diversité », dans l’exception, dans l’annexe, dans la marge, dans la catégorie, insultante, des films « difficiles ». Comme si un film réalisé par un cinéaste qui a quelque chose à dire ne pouvait pas toucher le plus grand nombre. En quoi un film d’auteur est-il difficile ? En quoi des films généreux, enthousiastes, sensibles, parlant de notre vie, même si ce sont des premiers films, même si ce sont de petits films, ne pourraient-ils pas intéresser tout le monde ? Pourquoi ces films ne sont-ils pas en prime time à la télévision, et pourquoi ne sont-ils pas en compétition à Cannes ?


Car finalement la même chose est en jeu : la question des cases. Chacun sa place. Petit bassin pour les jeunes et les fauchés, grand bassin pour les confirmés et les bien lotis. Seconde classe et classe premium. Mais comment ne pas voir que cela dénote surtout un manque d’imagination ? Que c’est J’ai tué ma mère de Xavier Dolan qui doit être en classe premium avec une Palme d’or à la clé (pourquoi pas ?) et le dimanche soir à 20 h 30, parce que le lendemain tout le monde en parle. Si les gens dorment devant leur télé, c’est parce qu’on ne leur donne rien à voir. Le public veut des films qui marquent, qui divisent, qui existent. Le cinéma est fait pour faire parler. On nous répond qu’il faut un film « familial » à 20 h 30, mais les films dont on parlera en famille, ce sont précisément J’ai tué ma mère ou My Little Princess, parce que, là, il y a des choses à dire. "

 

Et je leur sais gré d'avoir défendu mordicus le plus beau film de 2012, Holy Motors de Léos Carax.

 

 


 
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