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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 14:43

Treme est une série HBO ce qui est un gage de qualité. Elle a été pensée et réalisée par les créateurs de The wire, série dont je n'ai entendu que des propos dithyrambiques. Je suis tombé dessus par hasard, à Noël, sur France O à une heure pas possible... et je suis resté scotché. Après vérification, je venais de voir les deux derniers épisodes de la première saison et j'étais bouleversé. Enfin je voyais une série qui sait parler de musique, qui sait filmer les musiciens et rendre compte de leur art et de leur passion. A l'heure des séries hospitalières épuisantes, des séries policières totalement sans intérêt, enfin, enfin ! des types s'intéressent à autre chose que des médecins, des flics ou des tarés qui découpent leurs prochains avant de se faire serrer par un flic usé-mais-qui-croit-encore-à-son-job.

 

Treme, c'est d'abord une ville : la Nouvelle-Orléans. Définitivement à part dans le paysage américain, elle se remet difficilement mais courageusement de Katrina, en défendant mordicus ce qui fait sa particularité : la musique, la gastronomie, un art de vivre et de laisser se côtoyer et s'accoupler avec bienveillance une multitude de courants musicaux. On est loin de la verticalité new yorkaise dont les réalisateurs de série adorent nous balancer toutes les 3 minutes des vues imprenables en plongée histoire de bien signifier à tout le monde l'écrasante puissance architecturale des states. La Nouvelle-Orléans est horizontale et cela se ressent dans toute la série. A la verticalité des rapports qui domine les séries US (les supérieurs des hôpitaux, la hiérarchie des flics) se substitue une horizontalité qui parcourt toute la série : aucun destin ne semble plus important qu'un autre , on suit donc un tromboniste, une chef cuistot, un trompettiste, une violoniste, un dj (de radio - hein, pas David Guetta !), une avocate, une barmaid sans qu'aucun des ces personnages ne prennent le pas sur les autres. Et puis, il y a la musique, et là, on atteint très souvent le sublime, l'exaltant, l'essentiel, et toujours avec cette horizontalité qui fait que cette musique traverse la ville comme un courant qui touche tout le monde. Jamais elle ne vient d'en haut (à part quand le dj met un titre à la radio). Non, la musique est présente chez tout le monde, elle se joue dans la rue, voire même devant votre porte (magnifique scène où le dj, pour que sa copine ne parte pas, lui ramène un fantastique chanteur qui lui sussurre un morceau magnifique sur le pas de sa porte).

 

Le rythme de la série est hallucinant de maîtrise, et n'utilise aucune ficelle éculée. Tout est dans la suggestion, rien n'est appuyé, tout est fin et nous laisse le temps d'apprécier la complexité des personnages, et de l'univers musical extrêmement riche et complexe de la Nouvelle-Orléans, entre soul, jazz, folk, musique traditionnelle, syncrétisme religieux et musical (les incroyables carnaval dans lesquels des noirs reprennent des traditions indiennes). Katrina est simplement un catalyseur, un déclencheur, une loupe grossissante qui insuffle à chaque scène son poids, sa tragédie, sans pour autant que cela plombe ou n'alourdisse quoi que ce soit d'ailleurs. Katrina est passée, il faut faire avec, se battre pour maintenir sa culture, son héritage, pour chercher les responsables, pour avancer, won't bow, don't know how...

 

Magnifique série donc, qui arrive à embrasser à chaque épisode des destins, des vies que l'on voit trop peu ailleurs, (l'occasion de rappeler qu'il n'y a pas que des flics, des médecins et des profilers dans ce bas-monde, il y a aussi des musiciens des cuistots, des barmaids...), dans une mise en scène d'une fluidité rare. Magnifique série musicale, qui a su, sans être didactique, donner les clés d'un univers fascinant, profondément ancré dans l'histoire de la musique américaine. Ne vous privez pas de ce bijou télévisuel, rarissime par les temps qui courent.

 

Les premières images de la série, un tromboniste qui court, une parade de rue, une musique géniale, tout y est, dès les cinq premières minutes :

 

 

 

La musique dans Treme, est à hauteur d'homme et de femme.

 

 

  Un peu de soul 

 

 


 
et de jazz

 

 

 

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