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8 décembre 2007 6 08 /12 /décembre /2007 14:30

Difficile d'annoncer l'ajout de Strange fruit dans la playlist sans tomber dans l'emphase... La première fois que j'ai entendu ce morceau, je n'ai pas pu écouter autre chose de la journée. Il est si puissant, si glaçant...

L'étrange fruit qui pend à un arbre est un noir pendu par des blancs... La métaphore permet à la chanteuse de délivrer un message fort. La voix de Billie Holiday est hallucinante, et transmet parfaitement toute la détresse humaine et le dégoût de ce crime odieux (qui était le quotidien des noirs aux Etats-Unis et qui semble malheureusement le redevenir dans certains coins).

Ce morceau me hantera toute ma vie.
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6 décembre 2007 4 06 /12 /décembre /2007 21:24

James Gray n'a réalisé que trois films en 13 ans, Little Odessa (pas vu), The Yards (pas vu) et We own the night, La nuit nous appartient en VF, que je suis allé voir au ciné de mon palindrome pas plus tard que samedi soir.

Ce film confirme une tendance actuelle du cinéma américain : revenir aux bases de ce qui a fait sa grandeur dans les années 70. Et le résultat est bluffant. D'abord avec un casting de rêve : Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix - immenses comme à chaque film dans lesquels ils tournent, et Eva Mendès, que je n'avais jamais vue mais qui s'en sort très bien, dans un rôle qui aurait pu vite tourner au faire-valoir (la petite amie porto-ricaine).

Le scénario est simple comme Abel et Caïn : deux frères, un flic et un voyou. L'un a suivi les traces de son père dans la police, l'autre, plus libre, crame la vie par les deux bouts, et gère une boîte à la mode dans le New York des années 80. Boîte qui sert de plaque tournante pour le trafic de drogues mené par les Russes, et que les flics ont dans le collimateur.

Gray n'hésite pas à user de tous les clichés possibles, et pourtant tout fonctionne. Il use de toutes les ficelles connues du genre et pourtant je suis resté scotché jusqu'au bout. Il raconte  juste une histoire simple, deux frères qui s'opposent, un trafic de came, une lutte flics/gangsters, les planques, le père qui préfère un des fils... Une histoire classique. Pas con James Gray, les classiques ne prennent jamais une ride. Il y aura toujours un Coppola, un Gray, un Dylan pour nous les raconter, ces bonnes vieilles histoires,
pour nous dire "hey, tu la connais celle-là ? C'est l'histoire d'un père et de ses deux fils..." Pendant certaines scènes, je devinais ce qu'allaient dire les acteurs presque aux mots près, comme un gosse qui connaît par coeur les gimmicks d'une histoire et qui ne peut s'empêcher de dire la suite à voix haute. C'est là l'une des qualités de Gray, et non des moindres : l'écriture. Elle laisse la part belle aux acteurs. Mais il n'y a pas que ça : non seulement il sait revisiter les classiques, les mettre en scène et les filmer, mais en plus il a l'intelligence de faire jouer le père par Robert Duvall (excusez du peu) et faire entrer directement l'histoire du cinéma dans son propre film. Alors, quand un flic s'approche du Duvall, avec la tête du mec qui annonce une sale nouvelle, bien sûr toute la salle se doute que les premiers mots qu'il va sortir vont être : "lequel des deux ?", mais putain ce que c'est bon comme cinéma !

Et puis, il ya des scènes d'anthologie, en fait il n'y a quasiment que ça dans ce film : la scène du labo... la poursuite en bagnoles sous des trombes d'eau... les scènes dans la boîte... ahhhhh courez voir ce film les amis, le ciné américain ne nous prend vraiment pas pour des cons en ce moment, alors profitons-en.

Et la toute dernière scène... j'ai entendu des connards glousser dans la salle, je les aurais passés sous un train si j'avais pu. Seul le ciné américain est capable de filmer une scène pareille. Désôlé de le dire si crûment mais Gray a des couilles de filmer ça, et Wahlberg et Phoenix de jouer ça. Bon ça me brûle les doigts de vous la taper là, tout de suite maintenant, mais ça serait pas correct. Alors je vais juste vous dire qu'elle est simplissime, limpide et parfaite et que si vous avez un frère ou une soeur, vous la comprendrez, assurément.

...

Prochain rendez-vous dans une salle obscure : I'm not there, le film sur Dylan - dans le genre conteur de génie, qui dit mieux ? - reste à savoir si le film sera à la hauteur du Zim. Allez, en attendant, bonne toile.
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1 décembre 2007 6 01 /12 /décembre /2007 18:36
Ajoutés sur la playlist : deux extraits de Turandot, dernier opéra de Puccini, et un magnifique morceau de Mark Lanegan, Out of nowhere, extrait de son dernier album Bubblegum. Eh oui c'est bientôt noël les amis !
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30 novembre 2007 5 30 /11 /novembre /2007 19:18

Max est un pote. Je l'ai rencontré à Toulouse, à l'époque où on se voyait bien devenir éditeurs (on a un peu déchanté entre temps). Il a son blog depuis quelques jours, et ruez-vous dessus les amis, parce qu'il a pas mal de choses sous le coude à vous faire découvrir. Des trucs déments, j'en ai connu un paquet grâce à lui. De Herman Hesse à Blaise Cendrars, des Twilight Singers à Porno for Pyros, il a toujours eu de quoi me rassasier. Et il se trouve que récemment l'ami Max est passé dans mon palindrome, avec comme d'hab' pas mal de nouveautés.

On se le dit pas, mais on aimerait toujours foutre sur le cul l'autre avec le disque qui tue, le truc qui va changer la vie, remuer en profondeur... Se passer des disques est un genre de rituel d'initiés, et la barre est haute, pas intérêt à se ramener avec une merde. A mon actif, je lui ai balancé Lift to experience et Tim Buckley, au sien, il en tellement plus : 31 Knots, rien qu'eux... et puis tant d'autres.

Alors, il me fait un large sourire, et le rituel commence. Il met un disque gravé (bizarre venant d'un acheteur quasi-compulsif) et guette mes premières réactions. Un arpège de guitare magnifique, simple (putain ce que c'est dur de faire simple en musique) me fout d'emblée des frissons, et puis une voix démente débarque, implorante, Oh my how i miss you... ahhhh, QUI C'EST ? PARLE MISERABLE GAGNE PETIT !!! Réponse de l'intéressé : Andy Adyn. Attends une minute, c'est tes potes de Paris ? Tu déconnes ?

J'avais vu des affiches du groupe chez lui, mais faut bien l'avouer, faisant partie d'un groupe moi-même, je sais que des potes qui montent un groupe, ça donne jamais grand chose, et les potes encouragent pour être polis. Mais là, non ! Dieu que ces gars là (et une demoiselle) ont du talent. Et quel album !

L'ami Max a déjà tout dit ici sur leur fabuleux Only Silence here. et je me joins à lui, ça va sans dire. Pas seulement parce que, par principe, les amis de mes amis sont mes amis, mais bien parce qu'ils ont l'étoffe des grands.

En écoute ici : Drone. Allez sur leur site écoutez des extraits de l'album et achetez le disque, il est pas cher et c'est une merveille.
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26 novembre 2007 1 26 /11 /novembre /2007 21:26

Après la trilogie du Parrain, après Les Affranchis,et Donnie Brasco, après Les Sopranos, l'Amérique n'en finit pas d'explorer l'univers mafieux, consciente qu'elle s'est aussi construite dans la rue, violemment. Cette fois, c'est le cultissime Ridley Scott (Alien, Blade runner, Thelma et Louise) qui s'y colle.

Je m'étais toujours dit - sans nostalgie - que ça aurait été cool de voir le premier Star Wars au ciné, de voir Le Parrain, Taxi Driver, au moment de leur sortie, sur une toile. Et je suis donc allé voir ce American gangster en me disant que, peut-être, je m'apprêtais à voir l'équivalent version vingt-et-unième siècle de ces films géniaux. Avec aussi une vraie appréhension, comme si je devenais un de ces types qui vont voir les sosies parfaits des Beatles en concert et se croient revenus à une époque que, jusqu'à preuve du contraire, ils n'ont pas vécue, et ne connaîtront jamais (c'est fini les gars, passez à autre chose !). Et si je n'allais voir en fait qu'un fantasme de ciné, un musée, classieux certes, mais qui ne serait finalement qu'un exercice de mimétisme vain ? Bon, bien sûr, on sent que Scott a une affection particulière pour ces films, mais American gangster reste une oeuvre bien foutue, qui dépasse le simple hommage à un genre.


Les Sopranos (que votre serviteur est en train de regarder en prenant claques sur claques) ayant changé la donne, les cinéastes sont désormais obligés de s'aligner sur une temporalité alongée - eh oui, Tony Soprano déprime pendant 6 saisons, soit quasiment 90 heures ! - alors Scott a pris son temps en 2h30 pour nous raconter l'histoire d'un gangster, Frank Lucas (Denzel Washington, dont j'ignorais qu'il pût être si bon), qui réussit à ramener de l'héroïne pure du Vietnam, profitant du chaos là-bas (tout se passe dans les 70) et à la revendre à bas-prix, écrasant du même coup la concurrence (qui, elle, revend de l'héro de moins bonne qualité). Le cinéaste suit aussi Roberts, flic incorruptible joué par Russel Crow, toujours impeccable, que son éthique à toute épreuve a tout fait perdre. Un jour, il tombe sur un million de dollars, argent sale, que les flics (lorsqu'ils ont la chance de tomber dessus) se gardent normalement pour eux. Mais il décide de donner le fric au commissariat, argent perdu pour tout le monde, donc. Les flics peuvent plus le saquer, son mariage est une catastrophe, bref, le loser.

Tous les grands thèmes qui ont fait les heures de gloire des nababs d'Hollywood - Coppola, Scorsese - sont au rendez-vous. Ridley Scott connaît ses classiques. On pense à la froideur de Pacino dans Le Parrain quand on voit le personnage de Frank Lucas, pour qui, comme dans les films de Coppola, la famille est centrale. On sent la blaxploitation, et les films d'enquête des 70's, un peu comme dans le Zodiac de Fincher. Et les deux personnages principaux ont un code d'honneur, même si Frank Lucas est capable de violences inouïes et même si Roberts s'avère absolument incapable de réussir sa vie de famille, ces deux types ont un sens de l'honneur que les années 70 mettent à mal, et qui sera obsolète dans cette décennie pourrie à tous points de vue qu'est les années 80.

Alors, bien sûr, il est difficile de ne pas comparer, de ne pas se lancer dans des "c'était mieux avant" ou "ça vaut pas Le Parrain"... C'est vrai, mais, cela dit, j'ai passé un bon moment, et j'ai pas l'impression que le cinéaste se soit foutu de moi. Je lis un peu partout que La nuit nous appartient de James Gray, qui sort mercredi, est bien meilleur que American gangster, j'en salive d'avance...

Grande forme donc, pour le cinéma américain (Fincher avec son Zodiac, Tarantino avec Death proof, Scott avec American gangster), et ce n'est pas fini, puisque rien que sur les deux prochaines semaines vont débouler deux films qu'il me tarde de voir : le James Gray et le biopic sur Bob Dylan... films dont je vous toucherai un mot ou deux, d'ici pas tard les amis. En attendant, bonne toile.

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24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 14:55

Chef d'oeuvre absolu, dernier film de Leone, Once upon a time in America est un travail bouleversant sur la mémoire, l'enfance, la vie quand on l'a ratée... Je n'ai trouvé qu'un extrait en italien, mais peu importe, il n'y a que deux lignes de dialogue sur ces six minutes de génie : De Niro interprète Noodles, un type qui revient dans son quartier, des décennies après. Il retrouve le café d'un de ses potes, ils n'ont pas besoin de parler plus que ça, ils se comprennent, alors il va se coucher mais ne peut s'empêcher d'aller retrouver la petite trappe par laquelle il regardait la fille dont il est encore amoureux.

Si avec ça les amis, vous ne vous ruez pas sur le dvd de ce film, je sais plus quoi faire !

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22 novembre 2007 4 22 /11 /novembre /2007 18:46

 

 

 

 

Ah cette scène... j'ai pas réussi à n'avoir qu'elle sur You tube, donc ils ont mis d'autres extraits à la suite... Peu importe, c'est une des plus belles scènes du cinéma les amis, et elle me rappelle les mercredis où moi aussi, j'allais attendre une danseuse. Bon visionnage.

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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 18:37

Première - et unique - cuite de ma vie. Vomissements, mal de crâne pas possible. Peut-être dix-sept ou dix-huit ans, peu importe. Je me retrouve, au petit matin, complètement lessivé, dans la voiture du père d'un ami. Puis rapidement je regagne mon lit, à l'abri des regards, avec à portée de main XO d'Elliott Smith. Mon foie est tordu de douleurs, des gouttes de sueur perlent à mon front, le plafond tourne et tourne, encore et encore. L'après-midi promet d'être long et désagréable. Bordel ce que ça fait mal. Je trouve quelques forces pour glisser le cd dans le lecteur, avant de retomber dans mon lit, comme un pantin dont on viendrait de couper les fils.

Sweet Adeline résonne dans ma chambre, doucement, et la voix d'Elliott Smith arrive à pas feutrés. Ecoutée en dilettante, sa musique peut paraître gentillement pop, sauf qu'on ne doit pas écouter de musique en dilettante, merde. Je suis allongé donc, et m'accrocher à de la musique en attendant que ma cuite passe est tout ce dont j'ai besoin. Le poison s'insinue lentement. Nom de Dieu que ce type est triste. Rétrospectivement son suicide il y a quelques années n'en devient que plus terrible, comme une évidence douloureuse. L'écouter, alors que mon corps me semble d'une inutilité affligeante, comme une excroissance perclue de douleurs (l'amour me déchire le foie, comme dirait l'autre) et que j'aimerais sur le champ m'en débarasser le temps que tout ça se tasse, l'écouter me flingue. C'est magnifique. Tout est d'une tristesse sans fond, l'intro de Pitseleh, à la guitare, et c'est des trucs qui me reviennent en pleine tronche, genre la vacuité de l'existence, les virées en bagnole (celle des potes) assis à l'arrière, à regarder la campagne blême défiler à toute berzingue, en attendant.

On a dit d'Elliott Smith qu'il était à la fois Lennon et Mc Cartney, mouais. Bien-sûr, le gars de Portland était un fan des Beatles, bien-sûr il a toujours cherché à faire son Double-blanc, mais sa musique possède une mélancolie que celle des Beatles, à part sur quelques morceaux, n'a pas. Comme un cri étouffé, comme si les bars minables, les cuites, le mal-être, chez lui, ne trouvait d'exutoire que dans des miniatures pop délicates, écrites avec un savoir-faire et une application hors du commun, plus que derrière des murs d'amplis marshall.

Le disque défile, et arrive Waltz 1, peut-être un des dix plus beaux morceaux que j'aie jamais entendu (ajouté, ça va de soit, en playlist avec Pitseleh). Une chanson bouleversante, qui possède le don d'arrêter le temps quand je l'écoute, et stopper le temps ne serait-ce que trois minutes n'a pas de prix. J'en chialerais presque, recroquevillé dans mon lit, la tête embuée par les vapeurs d'alcool de la veille.

XO m'a accompagné des mois durant après cet après-midi sauvé miraculeusement. Alors pour tout ça, XO a une place à part. Et dire que ce n'est même pas son meilleur album...
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13 novembre 2007 2 13 /11 /novembre /2007 18:44

J'ai été très étonné de voir, un peu partout dans mon palindrome, des affiches annonçant un concert de Susheela Raman, artiste indienne, à Villaines-la-Juhel, un patelin du nord Mayenne. Comme quoi, la vie réserve parfois de bonnes surprises, car j'avais beau écarquiller les yeux, je n'étais pas en train d'halluciner : elle passait bien en concert le mercredi 7 novembre et pour une somme ridiculement petite : 5 euros (dommage, j'étais prêt à payer largement le triple, comme - je pense - les 150 spectateurs qui avaient fait le déplacement).

Annoncée comme faisant la part belle à des reprises (Lou Reed, Bob Dylan, Joy Division) pour défendre son dernier album qui est une relecture à sa façon de titres qu'elle adore, la soirée promettait d'être fabuleuse et elle l'a été ! En trio (un guitariste, son frère aux tablas, et la belle au chant), Susheela Raman a livré une prestation incroyable, entre mysticisme indien, et réappropriation d'un répertoire européen de haute volée.

Le concert a débuté par un hymne indien qui a donné le ton : voix absolument merveilleuse - elle en fait ce qu'elle en veut - guitariste à tomber par terre, et une Susheela Raman qui ondule sur scène, gracieuse, dégageant un charisme impressionnant. L'aspect hypnotique de la musique indienne m'a marqué, et l'utilisation d'un sampler sur scène n'a fait qu'accentuer ce sentiment d'être embarqué, loin, très loin pour un vrai voyage musical. Susheela Raman, enregistre et démultiplie sa voix, ce qui donne une profondeur au tissu sonore proprement hallucinante.

Difficile de reconnaître les reprises tant elle change quasiment tout, à l'exception des paroles. J'ai tout de même reconnu un morceau du Velvet, un Dylan, un Joy Division (!) qu'elle a annoncé avant, en expliquant brièvement la vie de Ian Curtis le chanteur de Joy Division, suicidé à 23 piges. Une artiste indienne, qui reprend un obscur groupe punk-new wave anglais des années 80 à Villaines-la-Juhel ! La vie réserve d'agréables surprises, non ?

Au second rappel, Susheela demande au public de lui donner le titre d'un morceau qu'il aimerait qu'elle joue, je n'ose pas lancer Song to the siren, sa magnifique reprise du morceau Tim Buckley, et c'est un autre titre qui aura la faveur du public. Je me dis "dommage, elle a joué tellement de reprises, celle-ci est pourtant la plus belle"... Le morceau se termine, elle commence à quitter la scène, et là : moment magique : le guitariste vient devant elle, commence à jouer les premières notes de Song to the siren, lui sourit, l'air de dire "allez, on leur joue celle-là, ok ?", la belle lui répond par un sourire, et s'approche du micro. Là, je ne touche plus terre, tellement l'instant est magnifique. Le morceau restera longemps dans ma tête ce soir là, tout comme sa voix et ce concert fabuleux. Et ce moment, on l'aura vécu dans un patelin paumé, quelque part en nord Mayenne...
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11 novembre 2007 7 11 /11 /novembre /2007 20:29

J'ai revu il y a quelques jours De battre mon coeur s'est arrêté, dernier film de Jacques Audiard, avec Romain Duris. Je l'avais vu au cinéma lors de sa sortie, et cette nouvelle vision m'a plus que conforté dans ce que je pensais : ce film est magnifique, intense, ce qui est rare dans le cinéma français.

Romain Duris y joue un salaud ordinaire, Tom, qui suit les traces de son père dans l'immobilier véreux. Sa vie, il la passe à 200 à l'heure, toujours surexcité, entre les descentes dans ses immeubles pour y foutre des rats histoire de dégager les squatteurs, les bars et les bastons. Ses seuls potes sont deux "collègues", avec qui il négocie des biens immobiliers. Son père, il le voit à l'occasion dans un café, à la va-vite, et le vieux en profite toujours pour lui demander un service, genre tabasser un type qui ne lui paye plus son loyer... difficile de s'attacher au personnage au début et pourtant, comme tout grand acteur qui se respecte, Duris arrive à donner une forme d'humanité à Tom.

Puis, par hasard, il tombe sur l'ancien impresario de sa mère, morte quelques années avant, et qui était une pianiste talentueuse, et prometteuse. Le type lui demande s'il joue encore, et lui propose d'auditionner. Bien sûr, Tom ne joue plus depuis longtemps, mais l'idée s'impose pourtant à lui, avec violence. Il se rue sur son piano, réécoute les enregistrements de sa mère, trouve une étudiante du conservatoire pour lui donner des cours, fixe une date pour l'audition. Dès lors, et grâce à la mise en scène d'Audiard, on tremble pour Tom : on tremble pour ses mains, on guette chaque signe d'énervement, chaque impatience de ce type qui s'accroche à la musique sans trop savoir pourquoi, jusquà l'obsession, comme ses notes qu'il répète en boucle, qu'il martèle sur son piano, crescendo, toujours accélérant.
La rédemption, Tom la trouvera finalement, mais je vais pas vous dire comment, juste qu'évidemment, c'est la musique qui le sauvera, comme elle sauve beaucoup de gens, ceux qui ont deux oreilles en état de marche, en fait.

Car tout n'est que musique dans ce film : Duris en écoute sans arrêt, lors de la première rencontre avec son père, il a son casque vissé aux oreilles, électro à fond et le père lui demande ce que c'est, avant de s'esclaffer : "t'écoutes ça toi, non ? sans déconner ?". La musique, il l'écoute toujours à fond, au casque, du rock, de l'électro, peu importe pourvu que ce soit rentre-dedans, que ça colle à son rythme de vie. La B.O., elle, est discrète, triste, elle sourd dans les moments les plus sombres du film, contrebalançant celle qu'écoute Tom. Puis il y a la musique de sa prof, et c'est par elle que l'apaisement viendra. Elle l'entraîne à respirer, à se calmer, à faire le vide, alors que, comme un chien fou, Tom s'énerve, s'excite, y va comme une brute, frappe violemment les touches.

La performance de Duris m'a rappelé celle de De Niro (toutes proportions gardées) dans Taxi Driver, ou Raging Bull, toute en tension, très physique. Ajoutez à ça une B.O. magnifique, une mise en scène sobre qui laisse la part belle aux jeux des acteurs , et voilà, vous avez enfin un film français à la hauteur. Comme quoi, tout est possible.
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