15 octobre 2006
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" We're just normal guys trying to make interesting music." Ainsi se présentent les Flaming Lips. Les Lips (ça fait cool de dire ça, comme tous les types qui disent le Floyd au lieu de Pink Floyd) sont un groupe " that comes all the way from Oklahoma city ladies and gentlemen !!! " juste pour vous faire planer. Et ça fait vingt ans et onze albums que ça dure.
Au début, c'était des tarés qui faisaient du punk avec des coupes de cheveux pas possibles, les amplis à fond. Maintenant, ce sont toujours des tarés mais la musique a beaucoup évolué, elle est devenue expérimentale et mélodique, parfois mélancolique, souvent délirante, en tout cas toujours inventive.
Ils ont signé en 92 chez Warner Records, une major, donc. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que chez Warner on leur fout une paix royale. On leur a même laissé sortir un truc dément, parfaitement invendable en ce bas-monde : Zaireeka. En fait il s'agit d'un album constitué de quatre cds, à écouter simultanément. Hum. Ce qui implique d'avoir quatre bras, quatre lecteurs de cds, et de coordonner tout ça pour les faire partir exactement au même moment. Ou alors d'avoir trois potes prêts à tenter l'expérience - c'est un appel du pied que je lance là. Sachant qu'aucun lecteur ne va pile à la même vitesse, même en lançant la lecture au même instant, chaque expérience de Zaireeka ne peut qu'être unique. Les Flaming Lips ont ensuite organisé les Parking lot experiences soit une série de concerts (?) dans lesquels les spectateurs se voyaient remettre une cassette audio d'un des enregistrements de Zaireeka et devaient les déclencher ensemble, tout ça dans un parking. Le plus beau dans cette fumeuse affaire c'est que la musique de Zaireeka est géniale.
Et puis il y a eu The Soft bulletin, nouveau chef-d'oeuvre de la bande à Wayne Coyne. Un album magique qui a mis pas mal de monde à genoux et tant mieux pour ces petits gars de l'Oklahoma.
Pouvoir embrasser toute leur discographie, des albums brouillons des débuts aux sommets de Zaireeka et The soft bulletin est juste un pur bonheur. On se met à chercher à quel moment le talent mélodique du groupe a commencé à se développer et on se rend compte que très tôt ces gars-là étaient franchement doués. Et puis il y a ce documentaire passionnant qui colle parfaitement à l'univers du groupe et qui permet de se donner une bonne idée de l'univers barré des Lips. Fearless freaks raconte en 1h45 les 25 années des Flaming Lips, en commençant quand ils ne s'appelaient pas encore comme ça. On y voit une bande de potes à l'imagination intarissable qui se remet en question à chaque album, sans se prendre la tête. Car chez les Lips, on est pas là pour se prendre au sérieux. Et, invariablement, chaque album file la banane, vous recharge les batteries, vous fait du bien. Et Wayne Coyne est le seul type au monde qui pourrait me faire agiter les bras comme un débile pendant un concert, parce qu'il est trop bon et sincère dans ce qu'il fait.
Les concerts des Flaming Lips sont des moments précieux et uniques. Il y a eu la période The Soft bulletin avec un Wayne Coyne qui avait du faux sang sur sa tête, pour coller au texte d'un des morceaux de l'album ("I accidentely touched my head and noticed that I've been bleeding") en rapport avec ce qui était arrivé à Miles Davis (qui s'était fait tabasser par un flic alors qu'il prenait une pause entre deux sets), la période de la bulle (une bulle géante dans laquelle Wayne Coyne se baladait, porté par le public), la période lapin géant...
Aux dernières nouvelles, ils tournent un film intitulé Christmas on mars, dans leur jardin...