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26 novembre 2007 1 26 /11 /novembre /2007 21:26

Après la trilogie du Parrain, après Les Affranchis,et Donnie Brasco, après Les Sopranos, l'Amérique n'en finit pas d'explorer l'univers mafieux, consciente qu'elle s'est aussi construite dans la rue, violemment. Cette fois, c'est le cultissime Ridley Scott (Alien, Blade runner, Thelma et Louise) qui s'y colle.

Je m'étais toujours dit - sans nostalgie - que ça aurait été cool de voir le premier Star Wars au ciné, de voir Le Parrain, Taxi Driver, au moment de leur sortie, sur une toile. Et je suis donc allé voir ce American gangster en me disant que, peut-être, je m'apprêtais à voir l'équivalent version vingt-et-unième siècle de ces films géniaux. Avec aussi une vraie appréhension, comme si je devenais un de ces types qui vont voir les sosies parfaits des Beatles en concert et se croient revenus à une époque que, jusqu'à preuve du contraire, ils n'ont pas vécue, et ne connaîtront jamais (c'est fini les gars, passez à autre chose !). Et si je n'allais voir en fait qu'un fantasme de ciné, un musée, classieux certes, mais qui ne serait finalement qu'un exercice de mimétisme vain ? Bon, bien sûr, on sent que Scott a une affection particulière pour ces films, mais American gangster reste une oeuvre bien foutue, qui dépasse le simple hommage à un genre.


Les Sopranos (que votre serviteur est en train de regarder en prenant claques sur claques) ayant changé la donne, les cinéastes sont désormais obligés de s'aligner sur une temporalité alongée - eh oui, Tony Soprano déprime pendant 6 saisons, soit quasiment 90 heures ! - alors Scott a pris son temps en 2h30 pour nous raconter l'histoire d'un gangster, Frank Lucas (Denzel Washington, dont j'ignorais qu'il pût être si bon), qui réussit à ramener de l'héroïne pure du Vietnam, profitant du chaos là-bas (tout se passe dans les 70) et à la revendre à bas-prix, écrasant du même coup la concurrence (qui, elle, revend de l'héro de moins bonne qualité). Le cinéaste suit aussi Roberts, flic incorruptible joué par Russel Crow, toujours impeccable, que son éthique à toute épreuve a tout fait perdre. Un jour, il tombe sur un million de dollars, argent sale, que les flics (lorsqu'ils ont la chance de tomber dessus) se gardent normalement pour eux. Mais il décide de donner le fric au commissariat, argent perdu pour tout le monde, donc. Les flics peuvent plus le saquer, son mariage est une catastrophe, bref, le loser.

Tous les grands thèmes qui ont fait les heures de gloire des nababs d'Hollywood - Coppola, Scorsese - sont au rendez-vous. Ridley Scott connaît ses classiques. On pense à la froideur de Pacino dans Le Parrain quand on voit le personnage de Frank Lucas, pour qui, comme dans les films de Coppola, la famille est centrale. On sent la blaxploitation, et les films d'enquête des 70's, un peu comme dans le Zodiac de Fincher. Et les deux personnages principaux ont un code d'honneur, même si Frank Lucas est capable de violences inouïes et même si Roberts s'avère absolument incapable de réussir sa vie de famille, ces deux types ont un sens de l'honneur que les années 70 mettent à mal, et qui sera obsolète dans cette décennie pourrie à tous points de vue qu'est les années 80.

Alors, bien sûr, il est difficile de ne pas comparer, de ne pas se lancer dans des "c'était mieux avant" ou "ça vaut pas Le Parrain"... C'est vrai, mais, cela dit, j'ai passé un bon moment, et j'ai pas l'impression que le cinéaste se soit foutu de moi. Je lis un peu partout que La nuit nous appartient de James Gray, qui sort mercredi, est bien meilleur que American gangster, j'en salive d'avance...

Grande forme donc, pour le cinéma américain (Fincher avec son Zodiac, Tarantino avec Death proof, Scott avec American gangster), et ce n'est pas fini, puisque rien que sur les deux prochaines semaines vont débouler deux films qu'il me tarde de voir : le James Gray et le biopic sur Bob Dylan... films dont je vous toucherai un mot ou deux, d'ici pas tard les amis. En attendant, bonne toile.

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