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4 avril 2007 3 04 /04 /avril /2007 17:40


Nashville skyline est le doigt d'honneur lancé à la face de ses fans par un Dylan qui n'a qu'une envie, suivre son chemin, sans se soucier de savoir s'il révolutionne quoi que ce soit. Vous vous attendiez à du folk contestataire, ou à une énième révolution musicale, eh bien allez vous faire foutre ! Voilà en substance ce que ce bon vieux Bob crache à la figure de ses ayatollahs de fans tout au long de cet album. Et Dylan de nous servir de la country ! Nom de Dieu, l'enfoiré ! De la country, de la musique de ces bouseux de texans, qui votent Reagan encore plus vite que leurs ombres... Et qui il invite en plus ? Johnny Cash ! Ah le salop ! J'imagine la tête des crétins de tout poil, une fois que le diamant a chopé le sillon... Qu'est-ce que c'est que ça ? Qui est-ce qui chante ? Oh Girl from the north country version country ! Ils s'y attendaient pas à celle-là. Faut dire que le Bob leur faisait un beau sourire sur la pochette, un beau ptit salut, inclinant son chapeau. Et bing, un coup de couteau dans leurs foutus coeurs d'artichauts. Cruel, mais jouissif. Nashville skyline allait devenir la première pomme de discorde entre lui et ses fans. Et devenir aussi une preuve absolue de son génie, de son intégrité, et de la connerie sans fond des fans (en général, pas seulement ceux que se trimballe Dylan). Dernière incompréhension en date : Modern times, son dernier album, qu'un de ces fans bas du front a eu la mauvaise idée de descendre en flèche, avec des arguments qui étaient recevables, jusqu'à la dernière ligne : "de toute façon depuis 1964 Dylan n'a rien sorti de bon !" Ah ! Il a dû en chialer de rage en entendant Nashville skyline celui-là. En plus il a du tout acheter du Zim malgré son aversion croissante (depuis 1964 !), le con.

Ce genre de réactions est symptomatique de la manière dont est perçu Dylan : coincé à jamais en noir et blanc, la tignasse en bataille, le regard vif de celui qui sait qu'il sera grand, dans les années 60. Et bordel, Blood on the tracks en 75, c'est quoi, Hein ? De la merde ? Bah non, juste un de ses plus grands disques. On retrouve ce genre de réactions pour tous les artistes : il suffit qu'un type sorte une oeuvre vraiment importante pour que des tonnes de gens lui demandent de refaire sempiternellement la même chose.

Mais Nashville skyline est surtout incontournable car il capture le travail que Dylan a effectué sur sa voix. Jamais je n'ai entendu un type changer de voix ainsi. Elle est méconnaissable. D'ailleurs la première fois que je l'ai entendue, je n'ai pas reconnu Dylan ! Tout a changé, son timbre, sa diction, c'est comme s'il s'était fait greffer la voix de quelqu'un d'autre. Le résultat est saisissant. Chapeau bas Monsieur Dylan.
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