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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 10:22

C'était il y a plus de dix ans, déjà. A l'époque je commençais à écouter ma musique, à me construire un univers, à essayer d'aller le plus loin possible, de remonter à la source du fleuve. Tous ceux qui entreprennent ce voyage arrivent généralement aux mêmes endroits, le delta du Mississippi, la Vienne du XVIII e siècle, le Liverpool des sixties, le Seattle des années 90... Ce n'est pas si loin et pourtant, il n'y avait pas d'internet, ou très peu, ce qui rendait plus difficile l'accès à la musique. Restait la presse, Rock n' folk et les Inrocks, qui à l'époque, mettaient en couv' Neil Young, Lou Reed, Bob Dylan, Leonard Cohen, Tricky... aujourd'hui, ils mettent Eminem, Mika et Justice (sic). Il m'est encore douloureux de m'être rendu compte si tard à quel point ces gars là se sont vendus et étaient déjà probablement en train de le faire quand je les lisais tous les mercredis. J'avais 16-17 ans, et bien-sûr je ne me rendais pas compte qu'ils n'étaient qu'une bande de petits mecs qui se prennent au sérieux - le mot bobo semble avoir été inventé pour eux - qui avaient des prétentions intellectuelles démesurées au regard de ce qu'ils sont devenus maintenant : pensée au ras-des-pâquerettes, articles bidons, maquette horrible surchargée, couvertures putassières, créateurs de non-événements (leur objectif : trouver un nouveau Radiohead par semaine). Mais j'ai pu découvrir énormément grâce à eux : le Velvet, Kerouac, Ellroy... Et puis, il y avait cette émission de radio, sur France Inter, avec laquelle ils étaient en partenariat : C'est Lenoir, que j'écoutais religieusement le soir. C'est par elle que j'ai pu découvrir un certain Nick Drake, lors d'une spéciale qui lui était consacrée. J'étais paré : une cassette de 90 minutes, les deux doigts collés sur play et record, prêt à enregistrer. Je ne m'en suis pas remis.

J'ai acheté Pink moon dans la foulée. Troisième et dernier disque de Nick Drake, mort dans des circonstances étranges (suicide, accident ?) à l'âge de 26 ans. Cet album dure à peine une demi-heure, mais chaque seconde est touchée par la grâce. Seul, à la guitare - quelques notes de piano pour le titre éponyme - Nick Drake l'a enregistré en deux nuits et n'y a plus retouché. Le résultat est glaçant et magnifique. On y saisit un artiste terriblement seul, dont le jeu de guitare est un des plus beaux qu'il m'ait été donné d'entendre et qui influencera bon nombre de musiciens. Quand j'écoute ce disque, je l'imagine toujours dans une petite chambre, de plus en plus recroquevillé sur lui-même, se battant avec ses démons, et dehors, c'est l'automne.

Il m'est difficile de parler de ce disque, de le décrire. Il touche, tout simplement. Un des morceaux est instrumental, Nick Drake joue quelques notes qui pourraient sembler insignifiantes, mais tout ce qu'il fait est habité. Que dire de Parasite, dans lequel il se décrit comme le paria de la ville "for i'm the parasite of this town", ou de Things behind the sun, le sommet de l'album, si ce n'est que rarement un type avec une guitare n'a été aussi bouleversant.

Il y a dans Pink moon une évidence : celle d'être face à un artiste qui aura cherché la pureté derrière chaque arpège de guitare et l'aura trouvée à chaque fois. Dès lors, comme le dit si bien mon pote l'artinste : "que peut-on faire après avoir écouté Pink moon, sinon l'écouter à nouveau ?"
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commentaires

B
Je crois que c'est la chose la plus pertinente qui me soit jamais venue à l'esprit.
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M
Bel hommage p\\\'tite tête... un superbe album encore une fois et je te dois de l\\\'avoir découvert...<br /> Pour ce qui est des Inrock faut pas chercher... outre leur connerie légendaire, ils sont devenu incroyablement inintéressant... à un point qui fait presque pitié...<br /> Sinon, rien à voir mais je t\\\'ai chopé une place pour les Gutter Twins donc tu n\\\'as plus aucun soucis à te faire !
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