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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 15:26


Un cri primal ouvre Now I got worry, quatrième album du Blues Explosion et successeur de Orange. Changement de couleur donc. De l'orange, les New Yorkais sont passés au noir, à la nuit urbaine, aux sons crades, et ce diable de Jon Spencer hurle à la lune. Loup-garou enragé ? Vampire ? Hard rockeur teigneux ? Peu importe, ce cri est une putain d'entrée en matière. Il est entre-coupé de silences très brefs, comme si un gosse s'amusait à éteindre et rallumer le micro le plus vite possible. Il annonce une chose et une seule : retour aux sources !!! La musique doit être à nouveau primaire, bestiale, elle doit taper en bas de la ceinture, être lubrique, sexuelle, sombre, décadente, être à la fois New York et la boue du bayou, être sale et urbaine, terriblement de son temps et pourtant sembler venir du fin fond des âges. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le trio - le plus classe qui soit (Russell Simins, Judah Bauer et Jon Spencer) - a réussi son coup. Now I got worry - acheté à Londres il y a dix ans - est énorme, tout simplement.

Comme son nom l'indique, le Blues explosion dynamite le blues, ou plutôt remonte à ses racines. Ici, on n'a pas droit à des trucs pépères au coin du feu, pas de clichés, non, ça éructe, comme sur le fantastique Wail où on se prend à brailler des "waiiiiil" tout du long. La force de cet album réside dans le fait qu'à aucun moment les New Yorkais ne lâchent le rythme. Ils envoient uppercuts sur uppercuts, convoquent le vieux de la vieille Rufus Thomas pour faire le chien et la poule sur le génial et bien nommé Chicken dog, un morceau hilarant, laissent le micro à Judah Bauer le temps d'un poisseux Fuck shit up, font taire leurs guitares pour laisser Russell Simins cogner comme un malade sur R.L. got soul.

Now I got worry est plein comme un oeuf (seize titres au compteur), et jouissif de bout en bout. Chaque morceau recèle des surprises, des ruptures de rythme, et possède un son brut qui marque les esprits. L'album avait commencé  par un hurlement, il se termine en hôpital psychiatrique, par un Sticky complètement barré, que le trio semble jouer en camisoles de forces, dernière pierre malsaine apportée à ce sacré disque de damnés du blues.
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